Le Botswana assoiffe une tribu pour la chasser de ses terres

Cyber action mise en ligne le 02/08/2010 , en partenariat avec : Survival International
Elle sera envoyée à : Président du Botswana

Elle prendra fin le : 31/12/2010

Au cours de deux vagues d’expulsions en 1997 et 2002, le gouvernement du Botswana a chassé tous les Bushmen de leur territoire ancestral et les a parqués dans de lointains camps de relocalisation. Pour les empêcher de retourner dans leur réserve, le gouvernement a condamné le puits qui représentait la principale source d’eau des Bushmen.

Explicatif
Ce puits se trouve à l’intérieur de la Réserve, dans la communauté bushman de Mothomelo. Avant les expulsions, un camion-citerne envoyé par le gouvernement faisait une fois par mois la navette entre le puits et l’ensemble des communautés bushmen de la réserve. Bien que les Bushmen soient réputés pour leurs techniques de stockage de l’eau de pluie, ce puits était essentiel à leur survie pendant la saison sèche.

Le 21 juillet 2010, la Haute Cour botswanaise délibérait sur le sort de la tribu indigène des Bushmen du Kalahari, suite à une audience tenue le 9 juin dernier. Sonnant comme un couperet, le verdict du juge a finalement interdit l’accès des Bushmen au puits d’eau situé sur leur territoire, dans la réserve du Kalahari central, considéré comme l’une des régions les plus arides du monde. Plus grave encore, leur est également proscrit tout forage d’un nouveau puits. La justice semble donc avoir pris parti pour le gouvernement botswanais, lequel n’avait pas hésité à sceller le puits des Bushmen en 2002, les expulsant de leur territoire par la même occasion.

En 2006, la Haute Cour avait pourtant décrété que l’expulsion des Bushmen par les autorités était « illégale et anticonstitutionnelle », autorisant ainsi des centaines de Bushmen à revenir sur leurs terres, avec le libre droit de pratiquer cueillette et chasse au sein de la réserve. Malgré ce verdict, le gouvernement s’obstina à interdire aux Bushmen le rétablissement de leur puits, les contraignant à parcourir une distance de 480 km aller-retour pour s’approvisionner en eau, à l’extérieur de la réserve. Illustrant l’acharnement du gouvernement, des gardes forestiers interdirent à des Bushmen d’apporter de l’eau à leurs familles dans la réserve du Kalahari central, prétextant qu’ils n’étaient désormais plus autorisés à utiliser des ânes pour transporter l’eau. Dans la mesure où les Bushmen ne disposent pas de véhicules motorisés, cela équivaut purement et simplement à leur ôter tout moyen de transport. Victime de cette pénurie d’eau, Xoroxloo Duxee, un Bushman, mourut de déshydratation en 2005.

Or, comble de l’ignominie, pendant ce temps, l’entreprise Wilderness Safaris ouvrait un lodge de luxe, avec bar et piscine sur le territoire bushman. Parallèlement, avec l’appui financier de la fondation Tiffany & Co, le gouvernement fit forer de nouveaux puits au sein de la réserve.

Contredisant l’avancée réalisée en 2006, cette nouvelle décision de la Haute Cour laisse transparaître les intérêts du gouvernement botswanais, ainsi que son souhait réaffirmé de chasser les Bushmen, sans pour autant s’attirer les foudres de la communauté et du droit internationaux. Partageant l’indignation générale, Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré : « Depuis ces dix dernières années, le Botswana est devenu l’un des endroits du monde les plus hostiles envers les peuples indigènes. Si les Bushmen ne peuvent avoir accès à l’eau sur leurs propres terres alors que les touristes, la faune sauvage et les mines de diamants peuvent s’approvisionner librement, alors il faut demander aux étrangers s’ils veulent réellement soutenir ce régime en se rendant dans ce pays et chez les bijoutiers ». Le gouvernement serait effectivement sur le point d’attribuer une licence d’exploitation diamantifère sur le territoire bushman, laquelle nécessitera le forage de nouveaux puits.

Une telle pratique inacceptable surtout au moment où après plus de quinze ans de débats, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté une résolution par laquelle elle fait de l’accès à l’eau potable l’un des droits de l’Homme.

http://www.maxisciences.com/eau-potable/acces-a-l-039-eau-potable-un-droit-humain-reconnu-par-l-039-onu_art8573.html

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